dimanche 8 juillet 2018

Désastre ou anecdote?


Depuis le Printemps 2016, une accumulation d'évènements a sensiblement (euphémisme !) modifié la perception qu’on peut avoir de la construction d’une gouvernance mondialisée, d’une Europe fer de lance, et même, osons le dire, de la paix entre les peuples, en général.

Il suffit de lister certains de ces évènements pour se rendre compte du désastre :

Dans le monde :
- Syrie, Iraq, Liban, Libye, Yémen... à feu et à sang,
- Etat Islamique pratiquant une charia forcenée, sanguinaire et prosélyte, aujourd’hui défait mais pas évaporé,
- attentats revendiqués par EI, partout dans le monde,
- islamophobie assumée par certains leaders des plus grands pays du monde,
- élection de Trump,
- réorganisation d’un ordre mondial dans lequel les USA laissent pourrir les situations politiques et écologiques dangereuses, quand ils ne les créent pas,
- montées de nationalismes très xénophobes dans un nombre croissant de pays, et augmentation généralisée des inégalités dans le monde,
- valse des droits de douane mondiaux, obéissant aux caprices égoïstes des plus puissants,
- désagrégation annoncée des grands blocs géopolitiques (groupe USA-Canada-Méxique, Union Européenne, etc...) et d’accords internationaux : USA-Chine, USA-Europe, Europe-Canada...
- constatations du réchauffement climatique partout sur terre,

En Europe :
- économies du Sud instables en Espagne, France, Italie, Grèce...,
- Grèce, mise sous tutelle par une troïka rigide emmenée par une Allemagne intransigeante,
- vagues migratoires intenses d’origine moyen-orientale et africaine,
- impuissance de l’Europe, en général, à administrer ces afflux,
- double-jeu britannique sur ces questions migratoires et économiques,
- Brexit,
- affirmation du groupe de Visegrad, regroupant la Hongrie, la Pologne, la République tchèque et la Slovaquie, marquant une défiance à l’égard de l’immigration dans leurs pays, et un repli nationaliste très marqué,
- Méditerranée, charnier de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants, fuyant la peur et la misère,
- Italie : élections mettant au pouvoir une coalition de nationalistes de gauche et d'extrême droite, anti-européenne et intransigeante sur l'emigration, 
- Allemagne, élections amenant Merkel à infléchir, à droite, sa politique migratoire sous peine d’éviction, visibilité accrue des groupes ultra nationalistes et xénophobes,
- front commun élaboré par les leaders souverainistes de plusieurs pays européens en vue des élections européennes de Mai 2019,
- mise en danger de la zone Shengen, suppression de facto de l’accord de Dublin, rétrécissement probable de la zone Euro, recul de l’idée d’une Europe fédérale...

En France :
- campagne électorale oedipienne avec "mort du père" dans chaque parti : Le Pen "tué" par Marine, Hollande écarté par Macron, dénigré par Valls et balancé par Mélanchon, Fillon ridiculisé par... lui-même, Hamon lâché par les siens,
- 1er tour : 40% des votants expriment leur défiance à l’égard de l’Europe,
- 2ième tour : élection du candidat Macron, 60% des voix, érigé en champion du pragmatisme économique « à la fois de droite et de gauche » et d’une croyance indéfectible, mais bien esseulée, envers l’Europe,
- le vieux clivage droite-gauche explose à l’occasion de cette élection,
- deux nouvelles dichotomies s’installent, d’une part, entre les anciens tenants des idéologies sociales partisanes et ceux qui observent les recettes socio-économiques qui fonctionnent à l'étranger,
- et, d’autre part, entre les européens convaincus et les souverainistes pour qui seule la patrie représente le salut.
- un train de réformes est lancé par Macron, qui vont toutes dans le sens du pragmatisme économique. Les français ne se déjugent pas en laissant faire mais en se tenant prêts à « couper la tête » de celui qu’ils ont fait roi, à la première occasion.
- Macron tente de proposer à l’Europe une redéfinition plus politique. Mais il peine à trouver des soutiens dans les pays européens et à l’intérieur même de la France, face aux nationalismes revivifiés.


La lecture de ce qui précède aurait de quoi désespérer. Ne s’agit-il que de soubresauts anecdotiques de l’histoire universelle en marche, ou bien cette période marque-t-elle un infléchissement durable à l’encontre du « vivre sans frontières » qui nourrit les espoirs de beaucoup d’humanistes, particulièrement depuis la fin de la dernière guerre mondiale ?

Par foi dans un humanisme universel, à mes yeux seul capable d’apporter paix et prospérité aux habitants de cette terre, je penche pour l’anecdote passagère dans une histoire sur la bonne pente. Il n'y a qu'à voir Hans Rosling, le célèbre statisticien, hélas décédé en 2017, nous prouver par a + b (https://www.gapminder.org/tools) que le monde va mieux en dépit des cassandres médiatiques et... politiques!

Mais il faut bien avouer qu’il y a eu des moments plus favorables qu’aujourd’hui pour ces idées universalistes... Pour être honnête, il en a existé aussi de beaucoup moins favorables... !


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